Bolex
Note : Les informations placées entre crochets décrivent les ambiances sonores ainsi que certains sons spécifiques et ponctuels.
[Ambiance d’un salon, des gens discutent entre eux]
Narratrice en chuchotant : Elle arrive ! Préparez-vous !
[On entend des pas rapides alors que les invites se mettent en place. La porte s’ouvre et quelqu’un entre dans la pièce]
Narratrice : Surprise !
[La grand-mère crie de surprise, les invités rient et applaudissent]
Narratrice : Bonne fête grand-maman !
[Début de l’indicatif musical : mélodie douce au piano.]
[La narratrice rit]
Narratrice : Ça a tellement fonctionné ! Vous auriez dû voir la face de ma grand-mère ! En plus, j’ai tout filmé !
[Nous entendons la fin de la séquence à travers le téléphone de la narratrice : « Surprise ! », suivi par le cri de la grand-mère]
Narratrice : Comme cadeau de fête pour ma grand-mère cette année, je lui ai préparé un petit film faisant le portrait de notre famille grâce à des vidéos tournées sur mon téléphone. J’ai découvert une application de montage avec plein d’options de musique et de filtres. Mon filtre préféré, c’est celui de la pellicule 16mm. Il donne un look vintage à mes vidéos !
[Nous entendons le début de la séquence d’ouverture à travers le téléphone de la narratrice : « Elle arrive, préparez-vous ! »]
Narratrice : Quand ma grand-mère a vu mon cadeau, elle était nostalgique. Elle s’est souvenue des films de famille qu’elle tournait lorsqu’elle était jeune avec une caméra bien spéciale : une Bolex H16.
[Bruit du mécanisme de la caméra]
Narratrice : Ma grand-maman était elle aussi emballée par les caméras ? C’est une affaire de famille alors ! J’avais plusieurs questions pour elle sur la Bolex. Quels effets visuels pouvait-elle réaliser avec cette caméra ? Est-ce qu’on pouvait tourner avec les mêmes effets que le téléphone portable de nos jours ?
[Fin de la musique introductive]
[Bruit du moteur à ressort de la Bolex qui est remonté, puis qu’on actionne. Bruits de pas au loin]
Narratrice : Lors de l’été 1967, la cinéaste expérimentale Joyce Wieland tourne un court métrage dans sa ville natale de Toronto avec son comparse Hollis Frampton. En noir et blanc, ce film intitulé A and B in Ontario met en scène les deux amis qui entament un jeu de cache-cache.
Dans plusieurs lieux intérieurs et extérieurs, Wieland et Frampton se cachent chacun derrière une caméra Bolex pour filmer l’autre, créant un film ludique qui démontre la mobilité des réalisateurs et de leur appareil chevillé au corps. Grâce à sa légèreté, la Bolex peut être opérée par une cinéaste comme Wieland de façon autonome, portée par une poignée et manipulée à la main.
[Fin du bruit de la caméra. Mélodie douce d’une boîte à musique.]
Narratrice : Commercialisée en 1935 par la compagnie Paillard, cette caméra robuste est inspirée par le fonctionnement des horloges suisses, renommées pour leur qualité et leur précision. L’entreprise Paillard se consacre initialement à la création d’objets tels que des boîtes à musique et des machines à écrire avant de perfectionner la caméra Auto Ciné, qui est l’ancêtre de la Bolex H16.
Un appareil peu encombrant, la Bolex est un incontournable des mouvements du cinéma amateur et du cinéma expérimental. Cette caméra fait environ la même taille qu’un long roman et environ le même poids qu’un chihuahua. La Bolex a été conçue avec l’intention d’être un appareil accessible aux cinéastes amateurs. Elle était utilisée par ces amateurs lors du tournage de films tels que des portraits de famille, ainsi que par des cinéastes expérimentaux souhaitant pousser les limites de la création artistique.
[Fin de la mélodie de la boîte à musique. Ambiance d’un parc dans la ville de Toronto. Effets sonores d’automobiles au loin, quelques oiseaux, le vent dans les arbres]
Narratrice : Dans un parc dans la ville de Toronto, Joyce Wieland termine sa bobine de pellicule suite à environ 4 minutes de tournage. Heureusement, la Bolex ne nécessite pas un endroit sombre comme une chambre noire pour le changement de sa pellicule 16mm. Wieland charge sa caméra à l’ombre d’un arbre.
[Bruit du chargement de la pellicule dans la Bolex]
Narratrice : Pendant ce temps, le viseur de la Bolex collé à son œil, Hollis Frampton filme la cinéaste. Bien qu’il y ait quelques manipulations à faire, le mécanisme de la Bolex est conçu pour être semi-automatique, ce qui facilite le chargement.
La Bolex rend possibles diverses expérimentations visuelles lors de la prise de vues. Pour créer des surimpressions et des fondus, les cinéastes peuvent rembobiner la pellicule 16mm pour tourner des images par-dessus une partie de la pellicule déjà exposée. Comme ton téléphone intelligent, la Bolex peut également créer des accélérés et des ralentis grâce à des mécanismes de précision qui autorisent les effets in caméra.
[Bruit de la caméra qui enregistre]
Narratrice : Pour cadrer Frampton qui se cache de l’autre bord d’un véhicule stationné, Wieland utilise notamment un objectif zoom pour se doter d’un pouvoir extraordinaire que l’œil n’a pas : se rapprocher graduellement de son ami à travers la fenêtre du véhicule en étant pourtant physiquement loin de lui. Ce mouvement est un effet appelé travelling optique.
[Fin du bruit de la caméra]
Narratrice : La Bolex n’a pas de système d’enregistrement de son. Des cinéastes expérimentaux comme Wieland et Frampton collaboraient parfois avec des artistes sonores pour la création d’une bande-son pour leur film.
La Bolex ne requiert pas d’électricité. Suite à environ 40 secondes de tournage, Wieland et Frampton doivent utiliser la manivelle sur le côté de leurs Bolex pour remonter le moteur à ressort.
[Bruit de la manivelle qui remonte le moteur à ressort. Ambiance de la plage torontoise. Vagues, goélands]
Narratrice : Finalement rendue au Lac Ontario, Wieland se met à genoux pour filmer Frampton à travers des longs brins d’herbe alors qu’il se rapproche de la plage.
[Bruit de la caméra. Clic mécanique régulier accompagné d’une musique douce au clavier. Bruit de la Bolex s’arrête]
[Transition vers l’ambiance de fête du début]
Narratrice : Bonne fête, grand-maman !
[La grand-mère souffle ses bougies. Les invités applaudissent]
Narratrice : Aujourd’hui, ma grand-mère fête ses 75 ans. Mais quand elle était jeune, elle tournait elle aussi des portraits de famille et d’amis avec des effets visuels… grâce à sa Bolex !
[Retour de l’indicatif musical : mélodie douce au piano]
Narratrice : Viens approfondir tes connaissances sur cette caméra dans la section « Découvre les caméras ».